À l’occasion de la journée internationale des maladies rares, le CHU de Nantes rappelle son engagement depuis plus de 10 ans dans la recherche sur l’hépatite auto-immune. L’équipe de l’Institut des Maladies de l’Appareil Digestif – SantéDige du CHU de Nantes en étroite collaboration avec les chercheurs du Centre de recherche en transplantation et immunologie translationnelle (CR2TI UMR 1064 Nantes, Nantes Université) lance actuellement deux projets de recherche afin de mieux comprendre les mécanismes immunitaires mis en jeu dans cette maladie, depuis son origine jusqu’aux différentes phases du suivi clinique des patients.
Le déploiement de projets de recherche fondamentale pour améliorer les traitements
L’hépatite auto-immune est une maladie inflammatoire du foie dont la prévalence est de 20 cas pour 100 000 habitants. Il s’agit donc d’une maladie rare. Elle est liée à un dérèglement du système immunitaire qui attaque les cellules normales du foie. Souvent silencieuse pendant plusieurs années, l’origine précise de cette maladie qui dégrade progressivement le foie reste inconnue. Déployer des projets de recherche pour mieux comprendre la maladie et son fonctionnement est donc essentiel.
« Les traitements actuels à base d’immunosuppresseurs, souvent également utilisés dans la prévention du rejet des greffes en transplantation, induisent une diminution de la réponse immunitaire globale. Cependant, il s’agit de traitements non ciblés qui peuvent bloquer plusieurs mécanismes de l’immunité. L’objectif est d’identifier des médicaments ciblés spécifiques des altérations de l’immunité impliquées dans cette maladie. La recherche est donc essentielle pour mieux comprendre les mécanismes immunologiques de cette maladie afin de pouvoir, à l’avenir, proposer aux patients des traitements ciblés plus adaptés. » Dr Jérôme Gournay, chef du service hépato-gastro-entérologie et assistance nutritionnelle du CHU de Nantes, responsable du centre de référence sur les hépatites auto-immunes
Une fois l’état du patient contrôlé depuis 2 à 3 ans, les recommandations actuelles suggèrent de tenter une diminution progressive des traitements sous surveillance rapprochée afin de réduire voire de supprimer la prise d’immunosuppresseurs par les patients.
Certains patients rechuteront, d’autres non. Les équipes du CHU de Nantes et du CR2TI recherchent actuellement des marqueurs prédictifs de cette rechute. Une piste prometteuse a récemment été identifiée par les équipes. Ces travaux ont fait l’objet d’une publication scientifique dans Scientific Reports.
Étude du système immunitaire des patients, réponse aux traitements, une recherche à 360°
Les équipes du CHU de Nantes en collaboration avec le CR2TI et le Centre d’immunologie de Marseille-Luminy ont récemment démontré la concordance entre les lymphocytes* retrouvés dans le foie (biopsie du foie du patient au diagnostic) et les lymphocytes circulant dans le sang (prélèvement sanguin). Cette découverte publiée dans Nature Communications est une avancée majeure pour faciliter la recherche dans ce domaine grâce à des prélèvements sanguins moins contraignants pour le patient.
*Lymphocytes : cellules jouant un rôle essentiel dans l’élimination des agents pathogènes ou des cellules tumorales lors de la réponse immunitaire ; et s’attaquant à nos organes (cellules) lors d’une maladie auto-immune.
Deux projets de recherche sont en cours de lancement au CHU de Nantes et au CR2TI. L’un, PLAIR*, coordonné par le Dr Amedee Renand (CR2TI), a pour objectif de comprendre les mécanismes immunitaires mis en jeu dans ces maladies, afin d’identifier de potentielles nouvelles cibles thérapeutiques. L’autre, PRETERRAH*, coordonné par le Dr Sophie Conchon (CR2TI), a pour but de mettre au point des tests biomarqueurs innovants qui permettront aux cliniciens de mieux suivre les patients et d’adapter leurs traitements de façon personnalisée.
Ces deux projets très complémentaires se font en collaboration avec MicroPICell (plateforme imagerie tissulaire et cellulaire) et avec le Dr Pierre Milpied (CIML, Inserm CNRS, Marseille) pour PLAIR.
*Les projets de recherche PRETERRAH et PLAIR ont chacun bénéficié d’un financement de l’ANR (Agence nationale de la recherche) et du Ministère de la santé en 2024.
Vers une médecine personnalisée
La capacité à analyser de manière très approfondie et très précise le système immunitaire pourrait déboucher à terme sur le développement d’une médecine personnalisée pour les patients atteints d’hépatite auto-immune. L’identification pour chaque patient des anomalies impliquées permettait de choisir un traitement adapté avec la durée nécessaire.
L’analyse individuelle des différents types de lymphocytes permettra un ciblage sur mesure et adapté en fonction des changements biologiques.
ZOOM SUR la biocollection BIO MAIFOIE, une ressource essentielle pour la recherche sur l’hépatite auto-immune
Lancée dans le cadre du réseau HEPATIM-GO, groupe d’étude et de recherche des hépatopaties auto-Immunes du Grand Ouest coordonné par le Dr Jérôme Gournay, la biocollection BIO-MAIFOIE rassemble, au sein du centre de ressources biologiques du CHU de Nantes, les échantillons biologiques de près de 400 patients sur le territoire national. Elle repose sur des prélèvements sanguins des patients qui permettent d’isoler et de conserver pour étude les lymphocytes. Elle est associée à une base de données cliniques et biologiques. C’est une ressource unique en France, indispensable pour la recherche sur cette maladie rare. Tous les hôpitaux du Grand Ouest y participent et ils ont été rejoints par d’autres centres en France.