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Isabelle Dimier-Poisson, une chercheuse-entrepreneuse qui a du nez !

22 mai 2024

Isabelle Dimier-PoissonLogo Lovaltech

Professeure des universités à la faculté de pharmacie de l’université de Tours, Isabelle Dimier-Poisson dirige l’équipe de recherche BioMAP de l’unité mixte de recherche (UMR) ISP 1282 sous la double tutelle d’INRAE et de l’université de Tours. Cette UMR, dont elle est directrice adjointe, est dédiée à l’infectiologie selon le concept « One healthTM/ Une seule Santé » qui promeut une recherche intégrée à l’interface entre l’homme, l’animal et l’environnement. Rencontre avec une femme engagée dont les recherches pourraient modifier nos vaccins.

Le parcours académique d’Isabelle Dimier-Poisson a toujours été marqué par la passion pour la médecine et la science plus globalement. Après une thèse sur l’immunité des muqueuses, sujet encore peu exploré et qui la passionne immédiatement par le potentiel qu’il révèle, elle a gravi les échelons jusqu’à devenir professeure et directrice du laboratoire BioMAP. Avec son équipe composée de chercheurs, d’enseignants-chercheurs, de thésards, de postdoctorants et d’ingénieurs, Isabelle explore deux principaux domaines : le développement de vaccins administrés par voie nasale et l’utilisation d’un micro-organisme non pathogène pour l’homme en immunothérapie anticancéreuse.

Du labo à la startup

La crise sanitaire du Covid-19 va l’amener à s’engager dans une nouvelle aventure, celle de l’entreprenariat. Alors que les grandes industries pharmaceutiques développent leur vaccin à injection intra-musculaire contre la Covid-19, Isabelle et son équipe décident d’apporter leur pierre à l’édifice. Forts des résultats très positifs d’un vaccin nasal contre la toxoplasmose administré à certaines populations animales dans les zoos, ils décident de réfléchir à un nouveau vaccin 2e génération par voie nasale contre le Covid-19. Ce vaccin protéique s’avère efficace quels que soient les variants, un atout de taille quand on sait que les vaccins actuels nécessitent une réactualisation et une reformulation face à chaque mutation du virus. De plus, de par son mode d’administration nasale, ce vaccin bloque la contagiosité et la transmission virale.

Lovaltech pour valoriser les résultats de la recherche

Plutôt que de se contenter de publications scientifiques, Isabelle et son équipe choisissent alors de s’engager dans l’aventure entrepreneuriale avec la création de Lovaltech. « Il y aurait eu un sentiment de frustration de ne pas aller plus loin dans l’aventure reconnait Isabelle. Au départ, on est dans la conception, puis on a des premiers résultats qui montre que le vaccin est efficace donc se dire qu’on ne va pas aller au bout, au moins jusqu’aux essais cliniques et voir arriver les premiers patients qu’on recrute dans les essais cliniques, ce serait vraiment dommage. Il y a toujours ce questionnement : comment valoriser des résultats précliniques quand ils s’avèrent satisfaisants ? » poursuit-t-elle. La startup tourangelle Lovaltech, dont Isabelle est la directrice scientifique, est alors créée il y a 2 ans pour valoriser les travaux de recherche de son équipe. L’objectif, développer ce vaccin nasal Covid-19, mais également explorer la possibilité de vaccins pour d’autres maladies infectieuses. Les essais cliniques du vaccin nasal Covid-19 devraient débuter fin 2024.

Lovaltech au cœur d’un réseau de partenaires

L’aventure Lovaltech a été rendue possible grâce au soutien d’un réseau de partenaires et en étant labellisé deeptech par BPI. « Développer un vaccin nécessite beaucoup d’énergie, de temps et de financements, » précise-t-elle, soulignant l’importance du soutien institutionnel de l’université et de l’INRAE. Lovaltech a également récemment été labellisé par Atlanpole Biotherapies, « cette labellisation nous aide à entrer en contact avec des collaborateurs potentiels et à bénéficier d’une veille précieuse sur les appels à projets, » se réjouit-elle. Enfin, en avril 2024, Lovaltech a annoncé une levée de fonds de 6,8 millions d’euros. Ce financement permettra d’accélérer les essais cliniques du vaccin nasal anti-COVID-19. Ce tour d’amorçage est composé d’un apport en capital de 1,5 million d’euros et d’un financement de 5,3 millions d’euros apportés par bpifrance dans le cadre d’un appel à projet #France2030.
Décorée chevalier de la Légion d’honneur en juillet 2023, Isabelle Dimier-Poisson conclut humblement « La vraie fierté, sera de voir notre vaccin protéger des vies ! »