Le CNAM Pays de la Loire propose depuis 2017 un master en alternance d’Humanités Numériques spécialisé dans les Big Data. Xavier Aimé, membre du pôle, chercheur en informatique médicale et responsable pédagogique de ce master à Nantes, nous en dit un peu plus.
Pourquoi un master d’Humanités Numériques en Big Data et pas un master en Big Data ?
Les Humanités Numériques sont une nouvelle discipline apparue en 2004. Un peu comme les Sciences cognitives dans les années 1950, elles répondent à un véritable besoin de transversalité en alliant sciences humaines et sociales et sciences du numérique. Dans notre cas, elles apportent un regard nouveau (et salutaire) au domaine du Big Data en permettant d’adopter une approche systémique et pluridisciplinaire aux métiers de la statistique.
Votre master vise à former à quels métiers ?
Dans le monde anglo-saxon, la distinction entre data analyst et data scientist n’est pas aussi nette qu’en France. Ici, la frontière semble bien plus sensible, le data scientist étant plus assimilé à la personne effectuant le traitement des données et le data analyst à la collecte et à l’analyse. Dans ce paradigme, nous formons clairement plus des data analyst que des data scientist.
Quelles sont vos spécificités ?
En premier lieu, notre master est en alternance. Nos élèves marchent bien sur deux jambes : l’une à l’école et l’autre en entreprise. On peut toujours essayer de passer son master à cloche pieds, mais il y a un risque de chutes (rires).
En deuxième lieu, on a une approche très artisanale de la data. « Observer, analyser, agir » serait presque à graver sur le fronton de la salle de cours. Quand j’ai appris le métier de tailleur de pierre avec un compagnon, la première chose qu’il m’a fait fabriquer était un tabouret pour observer la pierre. Et la seconde : mes propres outils. C’est cet apprentissage que j’essaye aujourd’hui de mettre en place dans mon master. On observe pour comprendre et on connaît/maîtrise sa boite à outils.
Comment cela se traduit concrètement ?
Quand on se trouve avec une problématique à résoudre, la première chose que l’on demande est de faire un état de l’art de la situation. Cet état de l’art doit être le plus transversal possible. Il faut en premier lieu poser les définitions pour savoir de quoi on parle, en regardant du côté de l’Histoire, de la Sociologie, de la Psychologie sociale ou cognitive, etc. En comprenant de quoi on parle, en regardant s’il y a des études similaires déjà réalisées (on est rarement seul à avoir la même idée) ou des études sur des sujets parallèles, on va pouvoir poser les bonnes variables et les bons critères d’évaluation. Ce n’est qu’une fois cette tâche réalisée correctement que l’on va pouvoir passer à la technique avec un protocole, une évaluation, une analyse (fondée sur le premier travail) puis des pistes de réflexions.
C’est avant tout une démarche scientifique, raisonnée et appuyée sur un état de l’art pluridisciplinaire. On demande à nos étudiants d’avoir de la curiosité et de prendre le temps d’observer.
A qui s’adresse ce master ?
A tout le monde, dès lors que les candidats ont un bac+3 validé, une appétence pour les chiffres et un esprit logique, mais aussi beaucoup de curiosité et d’ouverture d’esprit.
Plus spécifiquement, à toutes personnes désirant faire carrière dans le domaine du traitement des données, avec un certain engagement.
Dans le domaine de la santé, ce master s’adresse aussi bien aux personnes en formation initiale (filière santé au sens large, médical, paramédical…) qu’aux personnes désireuses de monter en compétences (attaché de recherche clinique, technicienne.e de laboratoire…)
Quels sont les domaines visés ?
Tous les domaines sont visés dès lors qu’ils produisent de la donnée, que ce soit massivement ou à traiter en temps réel. Et notamment le domaine de la santé. Les données de santé connaissant une croissance quasi exponentielle : le volume total des données d’e-santé dans le monde double tous les 73 jours. La médecine contemporaine ne peut se concevoir aujourd’hui sans l’utilisation des données de santé personnelles et numérisées. Avec l’émergence de la e-santé, de la télémédecine, des objets connectés, etc., les Big Data commencent à modifier en profondeur aussi bien le métier de praticien que la relation médecin patient, ou encore la compréhension de certains mécanismes (maladies…). En parallèle, une connaissance du contexte réglementaire entourant les données de santé devient primordiale avant tout traitement. Pour toutes ces raisons, un formation à la fois pratique et théorique en Humanités Numériques appliquées au Big Data devient un outil indispensable.
Quels sont les débouchés ?
Comme dit tout à l’heure, nos alternants visent à devenir data analyst, data scientist ou data manager (rajouter le terme clinical pour la filière santé). Ils peuvent poursuivre dans leur entreprise ou trouver un travail dans une autre entreprise en France ou à l’étranger. Ils peuvent poursuivre en thèse également (CIFRE ou académique). Ils peuvent également créer leur propre entreprise.
Comment se passe la formation ?
Bien !!! C’est très intense mais très enrichissant. Le rythme est d’une à deux semaines par mois à l’école et le reste en entreprise. Il y a un mémoire (et sa soutenance) en fin de deuxième année. C’est un peu le chef d’œuvre de leur parcours. Beaucoup d’attention y est porté.
Comment peut-on travailler avec vous aujourd’hui ?
Nous pouvons travailler ensemble de plusieurs manières :
- Vous souhaitez accueillir un.e alternant.e pendant deux ans dans votre entreprise, en contrat d’apprentissage ou de professionnalisation pour travailler sur une problématique data
- Vous souhaitez, ou un de vos salariés souhaite, reprendre ses études et monter en compétence dans le domaine de la data
- Vous avez une appétence certaine pour la formation et vous souhaitez donner des vacations au CNAM dans le cadre de ce master pour partager vos connaissances
- Plus original, vous avez une problématique, des data. Nous pouvons soumettre votre problématique aux étudiants de notre master et vous faire bénéficier d’une intelligence collective sur 6 mois, un an ou deux en leur proposant en fil rouge sur un ou plusieurs modules.
Comment peut-on vous contacter ?
Léonie FORESTIER –Conseillère formation entreprise– l.forestier@cnam-paysdelaloire.fr – 06 82 88 56 12
Xavier AIME – responsable pédagogique – x.aime@cnam-paysdelaloire.fr