11 septembre 2001. Nous nous souvenons tous du lieu où nous étions en ce jour tragique. Nadine Godfroid plus que tout autre, car, cette semaine-là, elle était envoyée à New York en mission pour son employeur SANOFI avec pour objectif de former ses collègues à différents projets. Il est des moments où la grande Histoire rencontre la petite… cet événement est un traumatisme qui va l’inviter à revisiter ses priorités, et s’interroger sur la suite de sa vie personnelle et professionnelle. Son employeur va alors de fusion en fusion. Elle a le sentiment d’être ballotée et de perdre le sens de son engagement professionnel. Entre le mois de septembre 2001 et septembre 2002, Nadine Godfroid va tout changer.
L’intuition de Nantes
Elle décide alors de créer une entreprise de prestations de services pour l’industrie pharmaceutique. Elle a déjà une longue expérience du management et du travail avec des prestataires. Aventis (SANOFI) mène alors une politique d’essaimage industriel dont son projet va bénéficier. Sanofi lui propose un accompagnement à la création d’entreprise et une issue possible si le projet ne prenait pas corps. Autour d’elle 4 associés l’accompagnent. Tous sont originaires de Bretagne. Nadine Godfroid avait en effet observé que les personnes originaires de l’Ouest voulaient souvent retourner dans leur région. Nantes sera son port d’attache. Dans les années 2000, la ville a déjà une belle réputation de dynamisme et d’attractivité dans le domaine de la santé et des biotechs. Elle, parisienne depuis toujours, y installe toute sa famille.
Atlanpole et l’effervescence des entreprises des biotechs
Dès l’arrivée, elle prend attache avec Atlanpole consciente qu’il lui faut découvrir l’écosystème local et s’y ancrer. Pendant 9 mois, incubée par Atlanpole, Nadine Godfroid et son équipe occupent le sous-sol du Château de la Chantrerie avant de s’installer sur le site de Bio Ouest à Saint-Herblain, un lieu où se regroupent alors les entreprises des biotechnologies. Atlanpole l’accompagne dans sa montée en compétences en tant que cheffe d’entreprise. Nadine, biostatisticienne à l’origine à la création d’entreprise, se forme à l’IAE de Nantes.
Atlanstat bénéficie de l’émulsion des années 2000 qui verra éclore des entreprises prometteuses de la biotech. Prometteuses comme Vivalis (devenue par la suite Valneva), Biofortis ou Biomatlante. Atlanpole devenu incubateur de la recherche publique suite à la mise en place de la loi sur la recherche et l’innovation de 1999, les accompagne toutes.
Nadine Godfroid fait partie de ses personnes qui voit clair, a toujours un coup d’avance. La croissance d’Atlanstat bénéfice de sa rigueur et de sa détermination. “Je n’ai pas un ego surdimensionné et je n’ai pas peur de l’échec. En réalité, je me suis toujours projetée dans la réussite mais sans occulter la possibilité de l’échec.” Pour elle, le secret de la réussite vient de la capacité à fédérer une équipe. Nadine Godfroid est manager dans l’âme. Le contrat de confiance qui la lie à son équipe est indispensable pour assurer un cadre de travail plaisant et la croissance continue de l’activité d’Atlanstat. Atlanstat est membre d’Atlanpole Biotherapies dont l’offre permet à Nadine Godfroid de bénéficier d’échanges précieux entre pairs pour se former et éviter l’écueil de la fameuse solitude du dirigeant.
Atlanstat, croissance et perspectives
Avec ses 20% de croissance annuelle depuis plusieurs années, Atlanstat développe aujourd’hui un nouveau métier, les opérations cliniques et s’engage sur le marché des dispositifs médicaux. La réglementation européenne a évolué récemment, désormais les entreprises de dispositifs médicaux ont l’obligation de faire des études cliniques pour avoir leur marquage CE. Mais l’état d’esprit de l’entreprise reste le même, se développer oui ! mais en restant une équipe soudée.
Nadine Godfroid observe “la recherche clinique évolue beaucoup. On s’interroge sur la manière dont l’IA va venir s’intégrer à nos métiers. On a de plus en plus de bases de données sur la santé de patients, des IOT et la médecine personnalisée est clairement l’avenir… on est à l’écoute de ces changements potentiels mais le contexte réglementaire reste le même et n’évolue pas aussi vite. Je suis biostatisticienne de formation ; aujourd’hui, on appelle ce métier data scientist…Alors oui, notre métier va sans doute évoluer mais des gens qui vont interpréter les données, on en aura toujours besoin ! ”
Atlanstat se développe également à l’export en particulier aux Etats-Unis, en Belgique et en Allemagne. Ce qui représente entre 15 à 20% de son activité. Les clients principaux sont aujourd’hui les sociétés de biotechnologies et les medtechs, venus remplacer les entreprises pharmaceutiques. “Notre expertise leur est très utile car on rédige des protocoles d’études cliniques. Nous avons un vrai rôle d’accompagnateur en tant que méthodologistes statistiques. Notre apport est indispensable pour l’aide à la décision,” sourit Nadine Godfroid.